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HOMMAGE A Mohammed OULD KABLIA  

Le jeudi 29 aout 2013 nous quittait Mohammed OULD KABLIA, Moudjahed, grand serviteur de l’état et ancien élève de notre lycée. Pour honorer sa mémoire, nous vous présentons sa biographie

Biographie de Mohamed OULD KABLIA

Mohamed Ould Kablia est né le 6 mai 1932 à Tanger où son père exerçait depuis deux années, la fonction d’officier de la garde du sultan Mohamed V. Il fait avec son frère Dahou et sa sœur Zoubida des études primaires dans cette ville avant le retour à Mascara de toute la famille en 1940 au lendemain de la déclaration de guerre entre l’Allemagne et la France.

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BIOGRAPHIE DE Mohammed OULD KABLIA

Le jeudi 29 aout 2013 nous quittait Mohammed OULD KABLIA , Moudjahed et grand serviteur de l’état. Pour honorer sa mémoire, nous vous présentons sa biographie

Biographie de Mohamed OULD KABLIA

Mohamed Ould Kablia est né le 6 mai 1932 à Tanger où son père exerçait depuis deux années, la fonction d’officier de la garde du sultan Mohamed V. Il fait avec son frère Dahou et sa sœur Zoubida des études primaires dans cette ville avant le retour à Mascara de toute la famille en 1940 au lendemain de la déclaration de guerre entre l’Allemagne et la France.

Mohamed reprend ses études à l’école Alexandre III sanctionnées par le certificat d’études en juin 1944. Il entre au collège de Mascara l’année suivante pour les cycles moyen et secondaire jusqu’en 1952 où il décroche la première partie du baccalauréat.

Le cycle de terminale n’existant pas à mascara, il s’inscrit pour la saison scolaire 1952-1953 au lycée Pasteur à Oran en série sciences expérimentales. Il est reçu à la deuxième partie du baccalauréat dans cette filière et rejoint l’année suivante en 1954 l’université d’Alger où il s’inscrit à la faculté de médecine dans la filière du tronc commun à l’époque physique, chimie, biologie (P.C.B.) passage obligé pour les études de médecine.

L’année suivante 1955, il est en 1ère année de médecine puis la 2ème année en 1956.

Il arrête définitivement ses études en mai 1956 suite à la grève générale décrétée par l’UGEMA dont il faisait partie.

Il rejoint Mascara et il est désigné pour la saison scolaire 1956-1957 en qualité de professeur de sciences naturelles au collège de garçons de Mascara. Il est menacé de radiation suite à la grève décrétée par le FLN en Janvier 1957 puis rappelé à son poste par manque de remplaçant. Il milite au FLN sous la responsabilité de Mekkioui Mamoun et de Allab Daho.

Début 1958, à l’appel du chef de zone Mustapha Stambouli il rejoint avec un grand nombre d’ex-étudiants et d’instituteurs les maquis de la zone 6. Au printemps de cette même année, Stambouli convoqué à l’extérieur en prévision de la constitution du gouvernement provisoire de la république algérienne et répondant à une directive du colonel Abdelhafidh Boussouf demandant l’envoi en base arrière à Oujda de l’ensemble des moudjahidines de niveau supérieur pour une prise en charge de formation dans les écoles spécialisées crées au lendemain de la grève de mai 1956 (Transmission, renseignement, chiffre) en plus d’une formation de base dans le domaine militaire et politique.

Le contingent de Mascara fort d’une quinzaine de jeunes arrivés après de dures épreuves fin juin 1958 à Oujda, il est transféré à l’école des cadres de l’ALN pour suivre le stage de la 2ème promotion encadré par Laroussi Khalifa, Nourredine Delleci, Abdelaziz Maoui, Mohamed Moughlam pour le côté politico-économique et Abdallah Arbaoui (capitaine Nehru) pour l’aspect militaire.

A l’issue de ce stage qui fait suite à la constitution du premier gouvernement du FLN, tous les stagiaires de la 1ère et 2ème promotion, une centaine sont versés aux structures du ministère des liaisons générales et communication relevant de l’autorité du colonel Boussouf.

Ould Kablia Mohamed dit « Rafik » est rapidement désigné, compte tenu de ses aptitudes, responsable du service de recherches de la DDR pour le territoire du Maroc. Trois années après, il est désigné à la même responsabilité à la tête du service recherches pour le territoire tunisien, tout en collaborant avec le Ministre Boussouf au sein de son cabinet jusqu’à l’indépendance le 5 juillet 1962.

En octobre 1962, après la formation du premier gouvernement de l’Algérie indépendante, il est appelé par Hocine Medeghi le nouveau ministre de l’Intérieur en qualité de chargé de mission puis chef de son cabinet poste qu’il quittera à l’été 1964 après la démission de Hocine Medeghi en conflit avec le Président Benbella.

Il rejoint le ministère des affaires étrangères en qualité de directeur d’administration centrale durant de longues années avant d’être désigné par Abdelaziz Bouteflika en qualité de consul à Bordeaux en 1976 et Nantes en 1983.

Il prend sa retraite en 1988 après 26 années de services au profit de la nation avec son engagement, sa compétence et sa loyauté continue.

BOUCIF MOKHTAR

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PORTRAIT

1920-1958, deux dates importantes dans la vie d’une grande personne. Il s’agit de Boucif Mokhtar dit Kadda fils de Mohamed et de Bounab Zina de la région de Mascara.

                   C’est par devoir de mémoire que votre serviteur a décidé d’écrire cet article dans le but de  retracer le parcours de cette personne avec un maximum de détails tirés de témoignages de parents (es) d’amis et d’anciens élèves.

                   Originaire d’une famille issue de la tribu Ouled Sidi Kadda Benmokhtar,celle aussi de l’Emir Abdelkader, habitant un bourg appelé Nesmoth dans la périphérie du village Sidi Kadda (Mascara), aux terres arides où la subsistance était des plus difficiles, il y grandit au milieu d’une fratrie composée de Ahmed, Djillali, Bekhada, Abderahmane, Kaltouma, Fatma  et Khedidja tout en profitant de la chaleur familiale. Le jeune Kadda s’attela d’abord à « voler » aux colons le Savoir. Il savait que sans cela, l’accès parmi l’élite même du Second Collège  était impossible, sachant que le Premier Collège était réservé exclusivement  aux européens ; enfin aux nantis.

                   Son passage dans le cycle primaire et secondaire à Mascara ne se déroula pas sans difficultés.  Son père Si Mohamed, fellah de son état, le  plaça malgré les difficultés de la vie quotidienne chez une parente dénommée Melouka Bent Boughrara dans le quartier  indigène Bab Ali en contre partie de remise de produits de la terre  selon la pratique ( Eretba ) de l’époque.

                    Caressant l’espoir de devenir enseignant, à cette époque un grand statut, il fit de brillantes études à Bouzareah  à Alger avec son frère  ainé Ahmed et feu Djillali le cadet disparu en 1949 dans des conditions tragiques au cours d’un séjour  à l’étranger.

                   Grâce à son bagage intellectuel, il comprit la problématique des algériens et adhéra tout jeune au mouvement nationaliste pour s’imprégner des principes de la décolonisation et de l’affranchissement des peuples. Il suivait l’actualité internationale et avait suffisamment remarqué que la discrimination imposée aux algériens était devenue insupportable ; La politique des deux poids, deux mesures était ostensiblement répugnante.   

                   En ce qui concerne le jeune instituteur Si Kadda, il est affecté dans les années 40 comme instituteur à Terga village de la circonscription d’Ain Témouchent, région connue par son implantation en viticulteurs  français après avoir pris comme épouse  Aoumria Bent  Ahmed Belguendouz notable de la tribu de Ouled Sid Ahmed Bénali qui était déjà marié avec sa tante maternelle Setti Bent Bounab. Après une période relativement courte, il est muté à Ain Hadjar dans le département de Saida en qualité de directeur instituteur. Il passa plusieurs années dans cette région où ses anciens élèves gardent encore de lui de très bons souvenirs.

                   Dans sa lancée, il se voit confier la direction de l’école primaire de la ville de Palikao actuellement Tighennif dépendant de Mascara. Ses élèves et ses anciens collègues de travail, pour les uns encore en vie, pour les autres plus de ce monde, lui vouèrent un grand respect.

                  Nous sommes le 1er Novembre 1954. La Révolution Algérienne, pour libérer l’Algérie du joug colonialiste français présent depuis 1832, venait de commencer. Ceci, le jeune Kadda pour la famille et Mokhtar pour l’état civil, le savait parfaitement. Son âge mûr, son niveau intellectuel conjugué à son militantisme avéré lui  donnait suffisamment de conviction que le colonialisme devait quitter son pays. En d’autres termes, il était prêt au sacrifice suprême sachant tout de même que toute créature humaine aspire à rester en vie. 

                   Après son passage à Palikao, il est muté à Thiersville actuellement connue sous le nom de Ghriss dans la région de Mascara. La ville de Thiersville était dirigée à l’époque de la guerre d’Algérie car c’en était une et non une série  événements comme certains cercles veulent le faire croire, par un sinistre colon du nom de Félix Vallat. Cette personne était connue par ses relents racistes à l’endroit des arabes, fut-il, le directeur d’une Ecole de la République Française. 

                   Si Kadda, grâce à son militantisme assorti de son bagage intellectuel avait déjà compris l’objectif recherché par ce type de colonialiste et consorts pour terroriser la population afin de la faire renoncer à son idéal fait de liberté. En face, l’autre objectif tracé par les initiateurs de la Révolution Algérienne Larbi Ben M’hidi, Boudiaf, Bouchaib, Zabana et tous les autres l’imprégnait profondément. Pour lui, il fallait résister même au prix  du sacrifice suprême, la mort.

                  Intelligent qu’il était, il avait « conquis » le Savoir et comprenait le bien fondé de la demande de l’Indépendance de son pays. Sa force d’analyse, il la tirait de sa passion pour la lecture. Cette soif de la lecture était étanchée par des revisites attentionnées d’écrits sur  l’Emir Abdelkader, Simon de Bolivar, l’Emir Khaled et l’Etoile Nord- Africaine, le combat des Indochinois, la Révolution des officiers libres en Egypte etc… sans pour autant négliger Rousseau, Pascal, Baudelaire, Racine, et beaucoup d’autres écrivains.Il fallait donc faire passer le message à ses élèves  « indigènes » et casser ainsi cette vision étriquée de sous-hommes que les français collaient injustement à ses compatriotes. Féru de culture française, il ne  négligea pas pour autant  de connaitre davantage la richesse de la culture arabo- musulmane. Son professionnalisme avéré associé à une fine psychopédagogie était reconnu  pas tous ses collègues européens, hommes et femmes aux dires de ses anciens amis.

                   Voyons ce que dit, un de ses anciens élèves, Dali Tayeb cadre fiscal à la retraite : « Un jour, Si Kadda demanda avec insistance à un élève de bien fournir un dossier pour entrer à l’Ecole des Cadets de Koléa. Il fit le nécessaire pour qu’il quitte Ghriss du fait qu’il était un élève brillant. Un jour, ayant  appris que ses parents avaient refusé de le laisser partir pour un avenir meilleur, il lui fit part de son mécontentement en l’apostrophant sévèrement comme le fait un père envers son fils. L’élève, ayant atteint l’âge adulte, comprit que Si Kadda voulait déjà préparer les cadres de l’après- indépendance de l’Algérie ». Comme le dit l’adage : « le Savoir Faire s’acquiert par la pratique de ce qui est appris… »

                 Habité par la pensée de mieux servir son pays une fois libéré du joug colonialiste, il n’avait de cesse d’haranguer, le mot n’est pas fort, ses élèves algériens pour acquérir le maximum de connaissances. Il savait le faire à sa manière. Une fois, ajouta Dali Tayeb : « il fit sortir tous les élèves français en sus des filles pour nous dire ouvertement qu’il n’est pas sûr de voir l’indépendance de l’Algérie. Par contre, il était convaincuque nous les jeunes avions beaucoup d’espoir de jouir de cette indépendance. Pour assumer cet avenir, il fallait étudier malgré toutes les contraintes. A cette époque, les « gueux » que nous étions aux yeux des français de notre âge arrogants et se sentant  plus civilisés  que  nous, devaient s’orienter vers les métiers et en particulier agricoles ; pas plus ».

            Dali Tayeb, très ému quand il parle de son instituteur, ajouta que le domicile de Si Kadda était ouvert aux élèves arabes et en particulier les nécessiteux studieux. A  l’époque, sa femme gavait ses élèves algériens par des friandises et autres mets succulents que seule, elle, savait le faire. Et il en était parmi. Il disait souvent à l’adresse de ses « indigènes » qu’ils sont d’origine plus noble que ces colons racistes sans par autant occulter que le peuple algérien avaient des ami (es) parmi le peuple français. Il disait aux élèves algériens qu’il faut se transcender pour réussir ses études. Pour  ce faire, il fallait étudier, rien qu’étudier, mieux étudier que les autres. Tel était son leitmotiv. Il était très content quand  nous obtenions, sans tricher, bien sur de très bonnes notes.  Ses  enfants qui étaient avec  nous dans la même classe n’avaient aucune faveur ; bien  au contraire, ils étaient corrigés lorsqu’ils ne travaillaient pas assez. Il faisait de son mieux, même si il fallait se battre avec le diable pour faire passer l’écueil dressé délibérément contre les « gueux » par le système ségrégationniste. Il s’appliquait, néanmoins, à ne pas verser dans l’injustice envers les élèves français. Pour lui, c’était l’Ecole Publique même si certains (nes) de ses collègues européens versaient sournoisement dans la discrimination à l’endroit des petits algériens. 

                  A cette époque, Si Kadda avait un confort matériel que beaucoup lui enviait  même parmi les européens. Aider autrui, de sa famille ou pas, était un devoir pour Si Kadda. Humble et généreux qu’il était, il n’osait jamais dire non. Directeur d’école à cette époque lui conférait un statut élevé. Il avait une voiture de type Peugeot 203 qu’il mettait souvent  à la disposition de toute sa famille.

                  Plus tard, son gendre Ali Boukaroucha aujourd’hui décédé connu sous le nom de guerre de Boubekeur, utilisera cette voiture  pour convoyer avec la complicité de son épouse Fatima Bent Tâalbi des armes, des munitions, des tenues militaires, des médicaments et des denrées alimentaires aux moudjahidines ; ceci se pratiqua plusieurs années jusqu’à l’arrestation de ce dernier qui fut torturé bestialement. Il en garda des séquelles jusqu’à sa mort en 2009.

                 Son neveu Boucif Djillali, chirurgien et député à la retraite connu  pour ses actions caritatives au profit des nécessiteux, dit au sujet de son oncle paternel et je cite : « il est pour moi un exemple de droiture, de militantisme et d’humanisme.  Il a donné sa vie pour  que l’Algérie soit libre et  permettre ainsi  à d’autres algériens (nes) de  s’épanouir dans la liberté  dans leur pays».

               Si Kadda était outré par ce crime de lecture des français qui voulait que l’Algérie soit considérée comme française. C’est révoltant ; enfin du délire tout simplement.

                Il avait un regard attentif sur le combat, grâce aux africains et en particulier aux algériens,  que la France menait au Nazisme, une horrible idéologie destructrice de l’humanité; enfin, de la chaire à canon. Malgré cela, elle n’avait pas tenue parole. Au contraire, elle répondit par un massacre en 1945 de ceux qui avaient répondu présents à l’appel de  De Gaulle chef de la France Libre. A ses yeux, la devise Egalité-Fraternité-Liberté était devenue une tromperie.

                 Reprenons le parcours de ce militant. Avant de débarquer à Ghriss, il fit un passage remarquable dans la ville d’Ain El Hadjar. Ses anciens élèves  ne tarissent pas d’éloges à son égard.Hélas, aucun établissement scolaire ne porte son nom à Ain El Hadjar. Pourtant, il admirait fort bien cette  région pour son hospitalité et la bravoure de ses hommes. Plus tard, certains de ses élèves prendront les armes et tomberont au champ d’honneur. Gloire à nos Chouhadas.

                 Son ancien élève des années 1950 Negadi Mohamed receveur, des impôts,  actuellement à la retraite, disait qu’il était pour lui l’instituteur mais surtout l’intellectuel militant engagé, un algérien fier de ses origines arabo-amazigho-musulmanes. Negadi Mohamed adulait son instituteur et reparle de lui avec pleine d’émotion.

                Slimani Moulay, greffier à la retraite, fondit presque en larmes lorsqu’il y a quelques années, il lui fut offert une ancienne photo où il figure avec  des élèves des années 50 dans une classe en compagnie  de son instituteur Si Kadda. Il en fit une relique.

                Si Kadda communiait avec ses élèves algériens. Il essayait de saisir leurs difficultés quotidiennes et apporter des solutions plus ou moins idoines .Il leur inculquait qu’ils étaient l’espoir  de l’Algérie libre. Il leur racontait souvent l’Histoire de l’Algérie, pas uniquement  celle de « nos ancêtres les Gaulois »,  pour leur permettre de mieux préserver leur personnalité arabo- musulmane. Il faisait éveiller discrètement l’esprit de ses jeunes, jamais devant leurs camarades de classe souvent d’origine espagnole, maltaise, italienne etc…Il leur inculqua que les vrais habitants de ce pays sont eux et non ces gens là.

                 Qui pouvait ressentir mieux que lui, que faire apprendre et chanter la Marseillaise au lieu de Min Djibalina, à des élèves algériens n’était pas un  affront au peuple algérien ? Il  leur expliquait, dans la discrétion, qu’ils n’étaient  ni français, ni gaulois, ni même indigènes.  Ils étaient d’authentiques algériens qui avaient le droit de fréquenter l’Ecole de Jules Ferry quand bien même que ce personnage  soit un partisan de la glorification de la race supérieure et de la colonisation.

                 Ses classes étaient un terrain où le combat était mené au moyen du Savoir qu’il s’attelait à donner aux indigènes mais sans tricher, en les stimulant surtout. Pour lui s’il fallait « voler » le Savoir à l’Occident, alors il fallait le faire ;  c’est de bonne guerre.

               Faire réussir des élèves algériens était son crédo. Il avait remarqué que le seul lieu qui restait aux algériens était l’Ecole Publique de Jules Ferry puisque les zaouiates séculaires et leurs écoles coraniques étaient fermées depuis longtemps par le colonialisme ; encore, une atteinte aux symboles et valeurs auxquels le peuple algérien s’attachait. Il n’est pas superfétatoire de noter que la vaste région de Ghriss (à ne pas confondre avec la ville de Ghriss ex. Thiersville) s’étendait de Tighennif à Ain Fékan dont le fief était El Keurt, appellé aussi le vieux Mascara. D’ailleurs, El Keurt a été d’abord le lieu de refuge de Bey d’Oran lors de l’invasion espagnole d’Oran en 1708 et en suite le fournisseur en soldats à ce chef ottoman (Djeich Ettolba) pour chasser les espagnols. Le niveau intellectuel dans cette région d’Algérie, antérieurement à l’invasion française en 1832, était très élevé et diversifié grâce à ces ancestraux lieux. Ce qui a permis d’ailleurs à l’Emir Abdelkader de compter sur d’éminents érudits comme Si Ahmed El M’rahi, Si Mohamed Sakkat, Si Abdelkader El Mecherfi, Si Abdelkader Beroukeche El Kebir, son fils Si Abdelkader Beroukeche El Seghir, Si Belmokhar El Ourghi et beaucoup d’autres, tous issus de ces écoles où la fertilité de l’esprit et de l’intelligence était un label pour les cheikhs et les tolbas de toute l’Algérie. Pour les férus de lecture, il est suggéré de lire Touhfet  Ezzair conservé à la Bibliothèque Nationale à Alger.

                Comment ne pas évoquer aussi l’exégète, le Saint Sidi Bouras El Naceri El Maascri dont la riche bibliothèque a été sérieusement saccagée par les  colonialistes lors de leur entrée à Mascara, un autodafé en règle ; quel parallèle avec l’invasion occidentale en terre d’Irak.         

                Il lisait la souffrance de son peuple dans les yeux de ces chérubins et dans la quotidienneté  de leurs parents souvent misérables, manquant le sous et peinant à supporter  les frais de la scolarité de leurs progénitures ; le couffin ou les études, un choix très difficile pour les parents.

               Malgré leur inanité, l’instituteur Si Kadda était respectueux des Principes d’Egalité et de Fraternité de l’Ecole Publique envers tous les élèves, quelque soit leur confession, leur origine et leur rang social. Pour lui Jonas ou Younes, Moïse ou Moussa, Elie ou Elias étaient traités kif  kif. Mais, Mohamed n’était pas comme Marcel, Miloud comme Michel chez certains de ces collègues européens ; c’était le visage affreux du système éducatif  ségrégationniste mis en place par le colonialisme.

                 C’est pourquoi, il forçait, le mot n’et pas fort, « ses indigènes » à travailler davantage pour être loyalement parmi les meilleurs et accéder à un rang social compétitif. Il avait l’art de savoir les stimuler sachant qu’ils étaient frappés d’ostracisme dans leur propre pays ; mais point d’injustice de la part de l’instituteur arabe envers les élèves européens.

                  Il savait aussi reconnaître le bon grain de l’ivraie. En d’autres termes, les amis (es) du vaillant peuple algérien et ses ennemis. D’ailleurs, il admirait  Sartre, Simone de Beauvoir, les militaires français objecteurs de conscience et tous les autres français anonymes pour leurs prises de position envers le peuple Algérien et ses aspirations. Il ne vouait aucune haine au peuple français auquel il reconnaissait à une partie de défendre ardemment l’idéal du peuple algérien.

                  Il mettait à profit son entrisme dans le milieu des français, grâce à son rang de directeur d’école pour récolter de maximum d’informations. Recueillies grâce à son réseau et notamment le gendarme Si Bouras, originaire des hauts plateaux de l’Est, ces informations étaient rapidement répercutées sur les frères, soit pour éviter les encerclements lors d’opérations militaires, soit pour permettre aux personnes recherchées d’avoir la vie sauve  en rejoignant carrément  le maquis ou une autre ville pour échapper aux griffes des tortionnaires car la torture était pratiquée violement sur les algériens voire sur des loques humaines pour soutirer des aveux. Si Kadda savait lire dans la pensée des français. Il était conscient que  faire « voler » ces renseignements aux français et les transmettre illico presto aux frères était une dangereuse mission de patriote. En d’autres termes, un acte de guerre dont son auteur devait être neutralisé, même par la mort. 

                Conscient qu’il était sérieusement pisté, il prenait toutes ses précautions pour cacher ses activités politiques. Une fois, il a failli être trahi par son imprudence lorsqu’il chargea une parente, encore en vie, d’irriguer son potager situé à l’intérieur de l’école de Ghriss. Cette parente mit la main sur un très gros paquet de liasses bancaires caché dans le carré des poivrons. Subitement, elle vit sortir précipitamment de sa classe Si Kadda dont sa première question était de savoir si elle avait remarqué quelque chose. Elle lui remit discrètement le paquet et le rassura de garder le secret.  Quel soulagement pour Si Kadda car c’était le bien (Elmalya) de l’Organisation.

                De son activité subversive, le maire Félix Vallat avait la certitude, selon des indiscrétions de Si Kadda de son vivant. Ce sinistre maire lui a dit une fois qu’il était dangereux par son activisme subversif et calculateur.  Il lui disait en ces termes : « Si les fellaguas me tuent, tu le seras toi aussi par les tenants de l’Algérie française ». Si Kadda savait que la décision divine était déjà prise à sa naissance ; tôt ou tard, il devra mourir comme tout être humains. Nul n’est éternel hormis Dieu.

                 Quant à Felix Vallat pour encourager les colons de Ghriss à résister, il prend les armes et passa ses nuits dans sa ferme- cave vinicole, pour montrer  qu’il n’a pas peur des moudjahidines. Les dégâts moraux et physiques qu’il faisait avec sa milice à l’endroit de la population devenaient  insupportables aux yeux de l’Organisation du FLN (Nidham). Les exécutions sommaires d’algériens (es) par sa milice ne se comptaient plus. C’est pourquoi, le commandement de l’ALN décida de faire quelque chose pour annihiler cette barbarie.     

                 Par une journée de Ramadhan de l’année 1958, un commando attendait de pied ferme  ce sinistre colon pour le clouer au pilori.  Il  fût tué seul sur le coup. Il faut noter qu’il était  constamment armé. Alors que la consigne donnée au commando était d’épargner sa femme et ses deux enfants,  son épouse prit son arme et riposta. Dans un souci de défense, le commando   l’a réduit au silence. Telle est la réalité de son exécution.

                 Au cours d’une émission  télévisée d’une chaine satellitaire française, un membre de sa famille a déclaré faussement que le maire Vallat a été trahi par le directeur de l’école de Ghriss. Ce maire savait impertinemment  que Si Kadda était un dangereux « fellagua » dont  ses dépassements l’exaspéraient. Il ajouta par la suite que  le maire Vallat était aimé par tous les indigènes ; ce qui est un gros mensonge puisque dans une  seule journée, ce sinistre personnage élimina avec sa milice armée une douzaine d’algériens dans le seul douar d’Ouled Abdelouhed à titre de sanction, suite à l’exécution par les moudjahidines de Georges Mauriace un sanguinaire colon de Makdha. Peut-on aussi oublier la mort délibérée des cheikhs Si Bénaouda Menaouer et Si Bounab Mokhtar, tous deux hommes de religion  de Ghriss que la population vénérés même post-mortern ?

                  Face à cela, Si Kadda avait compris que le sacrifice des algériens (es) ne serait pas inutile. L’indépendance, tôt ou tard, le peuple l’aura. Sachant que la défaite est orpheline, Si Kadda faisait de la victoire de son peuple, son crédo.

                  Malgré la neutralisation de ce raciste, des souffrances effroyables continuèrent à l’endroit de la population de Ghriss. A titre de représailles, plus d’une centaine de personnes de la région de Ghriss fût liquidée froidement par la milice des ultras. Cette milice était entrée dans une folie meurtrière pire que celle des nazis. On raconte même qu’un officier supérieur français exprima un sentiment d’exaspération  tellement que le charnier était devenu nauséabonde.  Cette milice faisait sortir des geôles, des algériens par dizaines pour les exécuter sans procès. On parle d’une centaine de victimes ; un génocide passible de nos jours du Tribunal Pénal International comme ceux du Rwanda ou des Balkans.        

                 Si Lahouel, notable de Ghriss et ami de Si Kadda  s’empressa d’aller l’aviser à Mascara , où  il se trouvait au chevet de sa femme enceinte et malade, de la mort de Vallat. Pensant d’abord à prendre la fuite vers une destination sure, selon Si Lahouel. Il se décida quand même de retourner à Ghriss pour s’enquérir de la situation. Personne de son entourage ne peut dire aujourd’hui, pourquoi Si Kadda a  t’il prit la décision de rentrer à Ghriss sachant qu’il encourait le risque d’être tué. Arrivé à Ghriss,   son réseau d’amis (es) français (es) l’avisa du risque de représailles à son endroit et lui recommanda de prendre toutes les dispositions nécessaires à sa survie car sa mort pour activisme subversifétait décidée dans des salons feutrés par les ultras.   

               Si Kadda savait que sa  vie repose sur un fil. Il savait qu’il était déjà ciblé par les ultras de l’Algérie Française. Son statut d’intellectuel arabe, d’éveillé politiquement le prédestinait à une élimination physique à tout moment par ces ultras. Vallat exécuté, il se sentait menacé et appréhendait les jours à venir. Quant à Bouras le chef de brigade de la Gendarmerie, il ne dut son salut et sortir de cet enfer que grâce à une affectation « arrangée » par son chef hiérarchique français plus humaniste.     

              Malheureusement, sa maison sera investie brutalement par la horde colonialiste. Arrêté manu-militari dans l’enceinte de son école, il est embarqué sans ménagement vers une destination inconnue. Dans leur furie, les inquisiteurs ne remarqueront pas le révolver que Si Kadda avait pris soin de mettre sous l’oreiller sur lequel reposait sa fille Fatima-Zohra tout juste âgée de 4 ans. Son enfant Abdelkader le réclama désespérément de la fenêtre du logement de l’école.  Aicha la femme de ménage dite El Akrouche pour les intimes sera aussi emmenée juste après  par les militaires pour être exploitée en ce qui concerne les activités subversives du directeur ; de même pour le jeune Reffas.

             Alors que sa femme se trouvait alitée à Mascara chez son père, ses enfants traumatisés ont vécu toute la scène de l’arrestation de leur père qu’ils verront  pour la dernière fois. Ils auront heureusement la chance d’être rapidement accueillis et  rassurés sur tous les plans par ce grand- père très attentionné à leur endroit. Que Dieu le récompensera pour tout ce qu’il fera plus tard,  non seulement pour ses petits-enfants, mais aussi pour les enfants d’un Chahid.  

              Grace à son sang froid et dans un moment, probablement, d’inattention des militaires, il put transmettre un message écrit enveloppant une pierre, à sa tante Setti Bent Bounab  accompagnée de sa petite fille Khedidja, qui rodait dans la périphérie d’une caserne située à Mascara. C’étaient les dernières volontés  écrites à sa famille. Puis, plus rien.   

                Si Kadda  disparaitra à jamais, laissant sa femme enceinte avec ses enfants Abdelkader, Djillali, Senouci, Sid Ahmed, Fatima- Zohra et Khadidja orphelins. Elle accouchera plus tard de Mohamed El Guendouz sans qu’il puise  connaître son père. Si Kadda n’aura droit à aucune sépulture puisque son corps ne sera jamais retrouvé. Certaines sources crédibles affirment qu’il a été froidement liquidé dans la région de Ghriss. Un patriote, un arabe et aussi une élite en moins pour les racistes colons. Sa famille aura quand  même la satisfaction de réaliser que son tombeau a été  toute la terre de l’Algérie libre comme il la voulait de son vivant d’une part, et que Si Kadda, l’arabe,  a été promis à la fonction d’inspecteur primaire. Quant à son âme, elle est déjà au Paradis avec celles de ses frères et sœurs tombés  au champ d’honneur.

                   Quant à son jeune épouse très éplorée par cette disparition, elle s’éteindra,juste après avoirvécu l’indépendance du pays pour lequel son époux a donné son sang.

                  Alors qu’à Mascara, à Tighennif et à Ghriss des artères et des établissements scolaires portent son nom en hommage à son sacrifice, c’est l’oubli à Ain El Hadjar et à Terga.

                  Je ne puis m’empêcher d’encenser cet hommage par le verset 169 de la sourate Al Imran du Saint Coran.

                Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux : « Ne pense surtout pas que ceux qui sont tués pour la cause d’Allah sont morts ; ils sont bien vivants, entretenus par leur Seigneur » Gloire à Dieu.

                Enfin, je clos cet article avec le sentiment d’avoir apporté une modeste contribution à la mémorisation de notre sublime Révolution et de ses Martyrs.

Vive l’Algérie libre et indépendante.

                                                                                                               Ourghi Bénaoumeur

                                                                                                               Citoyen algérien

DOCTEUR Boumédiène KEBIR

Dr KebirDocteur Kébir.

2013 -1913 : le Docteur KEBIR aurait eu 100 ans cette année, mais il était déjà parti en 1980, trop tôt pour les siens, trop tôt pour mener sa vie au terme qu'il lui souhaitait, vaincu par la maladie, qu'il avait pourtant fait profession de combattre toute sa vie!

Mais cette date représente un anniversaire et, comme telle, elle a le mérite de permettre l'évocation: évocation d'une personnalité qui s'est inscrite dans une époque de la vie de Mascara, et dont nous souhaitions perpétuer le souvenir; c'est ainsi que le vœu exprimé par ses enfants a rencontré le plein assentiment de notre association et, au-delà, de tous les Mascaréens qui conservent un souvenir vivace du Docteur Kébir.

Le Docteur KEBIR Boumédiène -«Attbib Belkebir, pour les Mascaréens -, est né dans le proche village d'El Kalaa, où son père, feu Si M'hamed Kébir ben Djebbar, avait été affecté en tant qu'auxiliaire de santé publique; appartenant par ailleurs, par sa mère, à la lignée de Sidi Mohamed Boudjellal, il s'est enraciné très tôt dans le terroir de Ghriss et des Beni Chougrane, avec lequel il a entretenu toute sa vie une relation quasi charnelle.

Après une scolarité -école primaire laïque et « djamaâ »-à Palikao (Tighennif), où ses parents étaient désormais installés, il a poursuivi ses études secondaires au Collège de Slane, à Tlemcen, à l'époque lieu d'élection de la formation des élites de l'ouest algérien; brillant élève aussi bien en sciences et mathématiques que dans les « humanités» ¬grammaire et littérature françaises, latin, histoire et géographie -, il n'avait pour autant pas négligé l'étude de l'arabe, dont il a obtenu le «Brevet supérieur », diplôme à peu près équivalent, à l'époque, au baccalauréat. Déjà se manifestait la polyvalence de son intelligence et de ses inclinations, qui traduisaient un tempérament porté aussi bien à la rigueur scientifique qu'à l'analyse historique et à la dissertation littéraire ou philosophique...Une photographie de la classe d'« Hypokhâgne » (première lettres supérieure) du Lycée Bugeaud d'Alger, datant de 1931 ou 1932, montre, au milieu d'autres élèves, dont Albert Camus, un étudiant apparemment effacé, mais au regard franc et pénétrant, Kébir Boumédiène ; son aventure littéraire n'aura cependant pas de lendemain, car les étudiants algériens «< français musulmans») n'étaient pas encore, ou pas tous, éligibles aux bancs de l'Ecole Normale Supérieure » ...

Retrouvant alors, peut-être, l'atmosphère dans laquelle il avait baigné depuis son enfance, et le souvenir des campagnes de vaccination (variole, typhus....) dans lesquelles son père s'était illustré, Kébir Boumédiène se tourne vers la médecine et entame des études à l'Université d'Alger: mais là encore, il y a un «numerus clausus» impitoyable envers les Algériens, et l'examen final du tronc commun P.C.B (Physique-chimie¬biologie) se solde par un échec; dans cette épreuve, Boumediène a

cependant la chance de rencontrer un professeur que nous qualifierions aujourd'hui de « progressiste », et qui lui recommande, s'il veut faire sa médecine, de quitter Alger et sa faculté fermée aux Algériens, et de s'inscrire dans une faculté en France. C'est ainsi que nous le retrouvons sur une photographie d'une promotion de la faculté de médecine de Bordeaux où il aura la chance, malgré la guerre, de mener ses études à leur terme, les clôturant par une thèse de doctorat sur « Les troubles trophiques de la syringomyélie» (1941).

Kebir Boumédiène s'installe alors comme médecin généraliste à Mascara, au n? 11 de la rue du Caire (actuellement rue Nouari Hammou), et s'installe, ce faisant, dans une communion des plus heureuses avec la ville de ses ancêtres; peut-être cette communion est-elle encore approfondie par la mort précoce (1942) de sa mère, dont la tombe, au cimetière Sidi Senouci, de Tighennif, ne sera jamais oubliée ni de lui, ni de sa famille jusqu'à ce jour.

C'est le début d'une période heureuse, pourrait-on dire, où le docteur, évoluant en compagnie d'un seul confrère « arabe »-le Docteur Bensafir -au milieu de nombre de médecins français et juifs, affirme ses compétences, notamment dans la pédiatrie, dont il devient rapidement un spécialiste reconnu et recherché, non seulement à IYlascara et ses environs, mais aussi dans tout le département d'Oran de l'époque; sa clientèle est constituée non seulement d'Algériens, le plus souvent de condition modeste, mais également de pieds-noirs, qui le consultent souvent à l'insu de leurs coreligionnaires et de leurs médecins !.... Une femme française, commerçante à Oran dans les années 70, présentait son fils, un beau jeune homme de 20 ans, comme un mort-né que le docteur avait « ressuscité» ....

Les Mascaréens d'alors gardent le souvenir d'un homme de taille moyenne, toujours sanglé dans une longue blouse blanche immaculée, et dont les cheveux blancs lisses et ondulants étaient toujours couverts de l'indispensable calot blanc du corps médical; ils revoient cet homme affable, prévenant, qui parlait leur langue avec l'intonation de leur terroir, et qui écoutait ses patients avec une ... patience infinie, au point qu'une consultation durait souvent une demi-heure ou plus; ils évoquent tous ce médecin qui avait le don du diagnostic précis, qui avait la capacité de « capter» le mal (<< ielqaf eddor »), et de prescrire alors le traitement le plus efficace; ils revoient un médecin qui, à l'instar de certains de ses confrères, ne reculait pas devant des interventions plus poussées, des actes de petite chirurgie rendus nécessaires par l'urgence et par la condition modeste, sinon misérable, de beaucoup de ses patients, pour lesquels l'accès aux cliniques privées et même aux hôpitaux était impossible; ils se rappellent ce médecin qui, une fois sa journée terminée en son cabinet, consacrait encore une ou deux longues heures aux visites aux domiciles des personnes empêchées, jusque dans les douars les plus reculés ;enfin, ils ne savaient souvent pas que ce médecin ne prenait de vacances en été que s'il avait pu trouver le remplaçant idoine, qui prendrait soin de ses patients et les traiterait comme il l'aurait fait lui¬même.

Plus tard, avec le déclenchement de la Révolution, c'est naturellement le Docteur Kébir qui fut sollicité pour soigner l'un des premiers blessés de la région, puis de plus en plus de «Fida'yine» blessés au cours d'opérations; c'est alors que les mailles du filet des services français commencèrent à se resserrer autour de lui; de façon générale, les médecins algériens étaient de plus en plus étroitement surveillés, et tout le monde a en mémoire le sort qui avait été réservé, entre autres, au Docteur Benzardjeb, de Tlemcen; sur les conseils d'amis alqériens. le Docteur se résolut à «disparaître », pour quelque temps pensait-il, et prit un avion pour Oujda, le 22 Novembre 1956 ; lorsqu'il voulut revenir de ses « vacances forcées », ses amis et ses proches l'en dissuadèrent, car sa vie était menacée.

Commença alors une nouvelle vie, dans l'exil, qu'il eut cependant la chance de partager avec nombre d'Algériens (au sein de l'Amicale des Algériens, par exemple, avec Si Benyakhlef), et avec ses confrères médecins dans la même situation.

Au-delà de leur statut professionnel -praticiens d'officine ou praticiens hospitaliers, travaillant principalement à l'Hôpital IVlaurice Lousteau d'Oujda -, tous ces médecins apportaient leur contribution à la Révolution en exerçant notamment en tant que médecins de l'ALN, ou en tant que médecins auxiliaires assujettis à un service minimum auprès de l'ALN : le Docteur Kébir côtoya ainsi, tant à la Base Ben M'hidi (<< la BBM », base de l'ALN à Oujda), que dans les missions à la frontière, les Docteurs Allouache, Haddam(Abdessalam), Klouche (Tedjini), Lazreg, Nekkache, Soufi, pour ne citer que ceux-là (ceux qui auraient été omis voudront bien nous en excuser, et se faire connaître le cas échéant, car cette énumération ressort des souvenirs de ses enfants, âgés de 15 et 17 ans en 1962...).

Le retour en Algérie fut enthousiaste, et le Docteur Kébir s'empressa de revenir à Mascara, en Octobre 1963, après une courte expérience à Alger, qui fut mal vécue ;cependant, la santé fragile du Docteur entraîna plusieurs hospitalisations de longue durée, en France: le médecin fut ainsi absent de sa ville, loin de sa famille et de ses patients, une première fois en 1965-66, puis une nouvelle fois en 1973 ;même alors, il fut sollicité pour exercer dans les hôpitaux où il avait été traité, ou pour s'installer dans le privé, mais il déclina ces offres et préféra retourner dans sa terre natale...Et continua d'exercer comme il l'avait fait auparavant, avec le même amour, la même patience et la même rigueur, jusqu'à ce qu'un nouvel assaut de la maladie l'emportât, en Novembre 1980, à l'âge de 67 ans...

Son enterrement à Sidi Senouci, non loin de la tombe de ses père et mère, en présence d'une foule nombreuse fut, pour nous, un témoignage inoubliable de l'attachement que lui portaient les gens de Mascara et de sa région ainsi que tous ceux, patients, parents, amis, simples connaissances ou anonymes, qui gardaient de cet homme le souvenir de sa sollicitude, de sa bonté et de sa probité morale.

Jusqu'aujourd'hui, ses enfants reçoivent avec une immense émotion les témoignages de personnes qui évoquent non seulement sa connaissance intime de son art et la sûreté de ses diagnostics, mais surtout la disponibilité permanente et l'écoute attentive qu'il apportait à ses patients, en un mot l'humanité dont étaient imprégnées ses relations avec eux et qui, au-delà de son métier, était un caractère distinctif de sa personnalité.

Voilà, en quelques mots, quelle a été la vie du Docteur Kébir, une vie certes sans action d'éclat, mais une vie simple et marquée par l'humilité de l'action quotidienne, patiente et continuellement répétée, contre les forces de la maladie et pour le triomphe de la vie ;et une action

   

PUBLICATION DU Pr KHELIL .2

Curieux endroit qu'a choisi le Pr KHELIL pour situer le déroulement de son histoire. Ce choix en réalité n'est pas fortuit: ce phénomène de la file d'attente révèle l'un des malaises chroniques que ressent le citoyen algérien. Pour les deux acteurs de ce roman ce lieu constitue l'observatoire idéal pour scruter, observer et sentir physiquement le resenti de ce malaise social. Le dialogue des deux amis, l'un agronome l'autre journaliste, passe en revue tous les problèmes qui empoisonnent la vie quotidienne de l'algérien. Dans l'épilogue l'auteur propose des solutions basées sur des études scientifiques qui doivent accompagner une réforme en profondeur de notre système socioéconomique et donc politique. Comme d'habitude chaque publication du Pr KHELIL constitue une nouvelle contribution positive  au débat national.A.B

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POINT DE VUE

L’OLIVIER : CE SYMBOLE DE RÉSISTANCE ET DE  L’IDENTITÉ PALESTINIENNE VANDALISÉ PAR                      LES COLONS SIONISTES HAINEUX ET CRIMINELS

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Abdelkader KHELIL*

Depuis l’Antiquité, l’Histoire nous a appris que l'olivier occupe une place de choix dans les civilisations méditerranéennes et l'esprit des hommes et des femmes qui les composent. Il symbolise tout au moins pour les trois religions monothéistes : la paix, la sagesse et l'harmonie. En fait, il a toujours été considéré comme l’arbre vital des peuples méditerranéens vivant dans son aire géographique de prédilection, mais aussi, pour de nombreuses communautés dans le monde qui ne cessent d’apprécier fortement son huile et ses vertus médicamenteuses.

   C’est dire, que l’acte de conserver, de défendre et d’élargir la culture de l'auguste olivier est un impératif croissant à l'heure où le monde cherche désespérément les moyens et les ressources végétales lui permettant de s'adapter au changement climatique, alors que l’empire du mal avec ses armes de destruction massive, sa stratégie et politiques de non développement global s’entête à dégrader notre planète pour imposer son esprit mercantile, dominateur et destructeur au service d’intérêts égoïstes de sa minorité hégémonique.


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