VEILLEE A LA MEMOIRE DE DJELLAL DJAKER

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 EL AFFROUN

Veillée « mascaréenne »  à la mémoire d’un ancien du MALG : Djellal Djaker

                Ils ont parcouru 360 km pour se rendre à El Affroun. Arrivés  avant  la prière du Maghreb,  ils reprendront la route après minuit pour Mascara.

                Ils,  ce sont des talebs de la ville de l’émir Abdelkader (Imam, chirurgien, directeur des Impôts, universitaires et autres) et amis tel Ahmed Bakhti , ancien diplomate,  portant la tenue traditionnelle (« aabaya » et « aamama » blanches typiques de la plaine de Ghris) qui se sont fait le devoir d’être présents à la veillée du 40ème jour du décès d’un des leurs, et non des moindres : Djellal Djaker (« Si Mouffok »), né en 1936, capitaine de l’ALN, issu de l’une des plus grandes familles de Mascara (bourgeoisie intellectuelle,  vaste culture, militantisme, piété et mécénat, respectabilité…).

Le défunt qui figure dans deux photos prises au Maroc durant la guerre de Libération – aux côtés de Daho Ould Kablia, Noureddine Yazid Zerhouni, et  feu Kasdi Merbah  entre autres « Malgaches » – et accompagnant le portrait de l’actuel Ministre de l’Intérieur dans le numéro 55 de  la revue El Djazaïr.com, a eu un parcours remarquable de militant de 1956 à 1962 où il aura à se déplacer au Maroc, en Tunisie, en Libye... Né dans une famille nantie, il montera au maquis à l’instar de plusieurs membres de sa famille, camarades de lycée et de fac à l’appel de la grève de 1956, abandonnant  études  (il était inscrit à la Fac de Droit de Montpellier) et confort pour  les dures conditions du djebel, les affres de la guerre dont il gardera les séquelles de blessures par balles. Hospitalisé à Casablanca, il sera, dès 1960, enrôlé dans la guerre du renseignement  au sein du  MALG  parmi les « Ouled Boussouf ».

                En 35 ans de vie à El Affroun où il fut, un temps, à la tête de la CRMA avant d’occuper un poste  de cadre au Ministère de l’Intérieur, le défunt n’a jamais fait état de son parcours prestigieux de militant, et cela même au sein de sa propre famille à laquelle il ne confiera que peu de choses. Un mutisme mû par son sens profond de l’abnégation et du patriotisme. Le port droit, digne, l’allure sport, le septuagénaire effacé, volontairement solitaire, quoiqu’affaibli par la maladie et affecté par un profond désabusement,  transpirait  la densité d’un chef. Il fut aussi grand joueur de football  (au Gallia, notamment), comme son frère Nehari  (ancien joueur au club de St Etienne qui, alors étudiant en médecine à Montpellier et militant au sein de l’UGEMA, est arrêté,  et incarcéré jusqu’en 1962).  A l’Indépendance, il projettera de reprendre ses études en Angleterre; feu  Ahmed Medeghri  l’en  aurait dissuadé : « reste en Algérie, le pays a besoin de nous ! ».

                Ne tarissant pas d’éloges à propos du défunt  (qualifié de « Monsieur » et « d’illustre moudjahid ») et de sa famille, les talebs et amis de Mascara évoqueront encore la mosquée « habous » construite par les Djaker et mise à la disposition des fidèles. « C’est un honneur pour nous d’être ici, de contribuer par nos prières au repos de l’âme du défunt,  qui  jouissait d’une grande estime et de respect à Mascara,  et à l’apaisement des siens dont nous partageons la douleur », nous confiera le Dr Djilali  Boucif, chirurgien à Mascara. La veillée a été un moment émouvant d’intense spiritualité portée par des psalmodies du Coran,  chants religieux entonnés par des voix sublimes, qacidate de la tarika Habibia, de celles des Saints Sidi Boumediene, Sidi Adda, Sidi  El Missoum et Sidi Becherqi  louant les vertus de Dieu et de son prophète Mohamed (qsssl). A El Affroun, on venait de découvrir un grand Homme en la personne de cet homme simple.  Paix à  son âme !

Fatiha Seman

 

 

   

PUBLICATION DU Pr KHELIL .2

Curieux endroit qu'a choisi le Pr KHELIL pour situer le déroulement de son histoire. Ce choix en réalité n'est pas fortuit: ce phénomène de la file d'attente révèle l'un des malaises chroniques que ressent le citoyen algérien. Pour les deux acteurs de ce roman ce lieu constitue l'observatoire idéal pour scruter, observer et sentir physiquement le resenti de ce malaise social. Le dialogue des deux amis, l'un agronome l'autre journaliste, passe en revue tous les problèmes qui empoisonnent la vie quotidienne de l'algérien. Dans l'épilogue l'auteur propose des solutions basées sur des études scientifiques qui doivent accompagner une réforme en profondeur de notre système socioéconomique et donc politique. Comme d'habitude chaque publication du Pr KHELIL constitue une nouvelle contribution positive  au débat national.A.B

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